Aller au contenu
Accueil » Royaumes et empires africains : les Etats inter lacustres

Royaumes et empires africains : les Etats inter lacustres

1. Le Buganda

Le Buganda, au Nord-Ouest du lac Victoria, n’est à ses débuts qu’un petit Etat tributaire du Bunyoro.

C’est au XVIIe siècle que commença l’expansion du Buganda et que cet Etat se constitua en royaume. Ceci se passe sous le Kabaka (= roi) Katerega. C’est lui qui doubla l’étendue du royaume en s’emparant des pâturages du Bunyoro au Nord-Ouest et des rives du lac Victoria au Sud-Ouest.

Le Buganda est une monarchie absolue et sacrée. Le Kabaka est inaccessible au peuple. Il symbolise la force de la nation et, à sa mort, il se réincarne en lion. Il est secondé un conseil de la couronne formé de chef de province et des dignitaires de la cour, le Lukiro, dirigé le Katikiro, sorte de premier ministre. Ce dernier et le Mugenia, chef du plus grand clan, constituent le collège électoral. Seuls ont droit à la succession, les fils du roi précédent nés après son intronisation. Le pays était divisé en dix provinces et l’impôt perçu selon l’étendue des troupeaux et le nombre des cases.

2. Le Bunyoro

Le Bunyoro est une région d’Ouganda bordant les rives du lac Albert, et l’un des royaumes traditionnels bantous préservés parallèlement à l’administration actuelle de l’État. Sa capitale est Hoima. Le royaume du Bunyoro est dirigé un omukama (roi). L’omukama actuel, depuis 1994, est Solomon Iguru I. Le Bunyoro était un royaume puissant en Afrique de l’Est entre le xvie et le xixe siècle.

Ce royaume apparait au cours du xvie siècle, à la suite de l’arrivée d’un peuple nilotique, les Luo. La fonction royale échoit à un membre du groupe Bito : c’est l’origine de la dynastie Luo-Babito. Le pouvoir central aurait été assez faible, des guerres de succession éclatant à la mort de chaque omukama.

L’histoire du Bunyoro est à appréhender en relation avec celle de son voisin, le Buganda. Les légendes bunyoro, exemple, supposent une parenté entre les deux royaumes : le Bouganda aurait été fondé le frère cadet du premier roi du Bunyoro, tradition démentie les différences linguistiques entre les deux royaumes (Bunyoro nilotique, Buganda bantou). Les relations entre Bunyoro et Buganda sont cependant surtout conflictuelles, car ils se contestent la domination de la région. Le Buganda, État vassal du Bunyoro au xvie siècle, s’émancipe progressivement jusqu’à prendre le dessus sur son voisin au début du xixe siècle.

Le xviie siècle marque l’apogée de la dynastie Bito, qui contrôle l’essentiel de l’actuel Ouganda. Une défaite militaire contre le Rwanda à la fin du siècle entraînera cependant la désagrégation progressive du royaume, plusieurs de ses provinces faisant sécession.

Au début du xixe siècle, le Bunyoro est affaibli : morcelé politiquement, il a perdu ses provinces extérieures au profit du Buganda; seul le cœur du royaume est dominé les membres du clan royal.

L’ouverture au commerce avec le reste de l’Afrique et (indirectement) l’Europe lui fut, dans un premier temps, favorable. Les premiers commerçants égyptiens y arrivent vers 1860, partis de Khartoum, suivis ceux de Zanzibar quelque dix ans plus tard. L’omukama leur achète des fusils desquels il dote son armée : cette supériorité technique lui permet de reprendre d’anciennes provinces au Buganda et de repousser deux invasions, l’une anglaise, menée le général Gordon, gouverneur du Soudan, l’autre bugandaise (1886).

Cependant, l’alliance de ce dernier royaume avec l’Angleterre fut désastreuse pour le Bunyoro. Les Anglais avait catégorisé le Bunyoro comme un royaume dangereux, parce qu’il était ennemi de leur allié mais aussi parce que les premières expéditions anglaises au Bunyoro faisaient recours à des auxiliaires Gandas, et avaient donc été mal reçues à cause de l’hostilité régnant entre Luo et Gandas. Une guerre est menée contre le Bunyoro (1893-1899) qui est vaincu, amputé de certains territoires et placé sous administration ganda tandis que son omukama était exilé aux Seychelles. Ce n’est qu’en 1918 que fut remise en place une administration autonome.

3. L’Ankolé

L’Ankolé, appelé aussi Nkoré, est l’un des cinq royaumes traditionnels de l’Ouganda. Il est situé dans le sud-ouest ougandais, à l’est du Lac Albert. Il est actuellement dirigé un roi, nommé Mugabe ou Omugabe de Nkole (Rutashijuka Ntare VI, depuis 1993).
Le royaume a été officiellement aboli en 1967 le gouvernement du Président Milton Obote. Contrairement aux autres royaumes tels que le Bouganda, il n’a pas été officiellement restauré. La population de l’Ankolé est appelée Banyankolé. La langue parlée est le runyankole, une langue bantoue.

4. Le Rwanda

Le Rwanda se constitua à l’Est du lac Kivu. Les Bahima, appelés dans ce pays Batutsi, soumirent à leur autorité les Batwa et les Bahutu. Le roi (Mwami) disposait d’un pouvoir absolu. Il était élu un conseil de notables (les Biru) suivant un code ésotérique extrêmement complexe.

Il apparait comme le représentant de Dieu, le garant de la fertilité des femmes, des champs et du bétail. La reine-mère occupait dans la vie politique une place importante.

La société était divisée en trois classes : la caste noble des pasteurs Batutsi, les cultivateurs Bahutu et les Batwa. Les Batutsi avaient seuls le droit de posséder la terre, de servir dans l’armée et dans l’administration, de posséder des troupeaux.

Les cultivateurs Bahutu étaient liés à ces seigneurs des contrats de servage. Les Batwa étaient au service du roi et de l’aristocratie Batutsi. Ils étaient employés comme chasseurs, guetteurs ou domestiques.

Trois souverains ont joué le rôle de premier plan au cours de la période précoloniale. Il s’agit de :

  • Mutara Ier Semugeshi qui, au milieu du XVIlle siècle, repoussa les Barundi ;
  • Cyrima (ou Cylima) II Rujuyiri qui, au milieu du XVIIe siècle, annexa le Bugesera et le Gisaka, à son royaume ;
  • Kigeri IV qui mena plusieurs campagnes contre ses turbulents voisins, en particulier le Burundi (1853-1895).

5. Le Royaume du Burundi

Le Royaume du Burundi était une entité politique gouvernée un roi. Son territoire correspondait à celui de l’actuel Burundi, situé dans l’Afrique des Grands Lacs, en Afrique de l’Est. Le royaume, à majorité Hutu, était dirigé un monarque Tutsi, dont le titre était mwami. Créé au XVIIe siècle, le royaume fut préservé durant la colonisation européenne et fut un État indépendant entre 1962 et 1966.

La date de la fondation du royaume est inconnue mais remonte probablement au XVIIe siècle lorsque les Tutsis commencèrent à dominer les Hutus, pourtant plus nombreux. Sous la direction du roi (mwami) Ntare Ier (qui régna de 1675 à 1705), le royaume s’étendit et annexa nombre de ses voisins1. Quoique toujours dirigé le mwami, le royaume était très décentralisé et les chefs régionaux jouissaient d’une large indépendance. Avant l’arrivée des colonisateurs, les guerres de succession étaient fréquentes1.
En 1890, le Burundi devint une composante de l’Afrique orientale allemande mais il ne fut pas effectivement occupé ou dirigé le pouvoir colonial. Durant la Première Guerre mondiale, les troupes belges, venues du Congo belge voisin, envahirent et occupèrent la région. Les Belges se virent attribuer un mandat de la Société des Nations sur le Burundi et le Royaume du Rwanda ; ils conservèrent cependant intactes un bon nombre des institutions du royaume.

Alors que la monarchie rwandaise fut abolie une révolution entre 1959 et 1961, la monarchie burundaise réussit à survivre durant la période coloniale puis post-coloniale. En 1962 le royaume du Burundi gagna à nouveau son indépendance, sous forme d’une monarchie constitutionnelle, dans laquelle le mwami détenait le pouvoir exécutif tandis que le pouvoir législatif était confié au parlement2. Des violences éclatèrent cependant entre la majorité Hutu et la minorité Tutsi, de 1963 à 1965 ; elles culminèrent avec le coup d’État manqué de 1965, dirigé contre Mwambutsa IV. Le fils de Mwambutsa IV, Ntare V, déposa son père un coup d’État en juillet 1966, mais fut lui-même chassé du pouvoir un troisième coup d’État en novembre 1966, mené son Premier ministre, Michel Micombero, lequel abolit la monarchie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Quitter la version mobile