Sandvine, une entreprise spécialisée dans les technologies de surveillance, a annoncé un changement radical de stratégie : elle se retire de 56 pays qualifiés de « non-démocratiques ». Connue pour avoir fourni des outils permettant la censure d’internet et la surveillance de masse, la société a déclaré vouloir désormais se positionner comme un « leader des solutions technologiques pour les démocraties ».
Cette décision fait suite à des années de critiques et d’enquêtes sur ses activités, notamment dans des pays autoritaires comme la Biélorussie, l’Égypte, l’Érythrée, les Émirats arabes unis et l’Ouzbékistan. En 2024, le Bloomberg a révélé que des produits Sandvine avaient été utilisés pour bloquer l’accès à internet et surveiller les citoyens dans ces régions. En réponse, l’entreprise a affirmé avoir quitté 32 pays et être en train de se retirer de 24 autres, citant l’Index de la démocratie 2023 comme base pour ses décisions.
L’un des exemples les plus frappants est l’Égypte, où Sandvine s’engage à se retirer d’ici mars 2025. Des investigations menées Citizen Lab et des sanctions du gouvernement américain ont révélé que Sandvine était impliqué dans des pratiques de censure en masse, notamment en bloquant des sites d’information et en surveillant des acteurs politiques et des militants des droits humains.
L’implication de Sandvine dans de telles pratiques a conduit le Département du Commerce des États-Unis à inclure l’entreprise sur sa Entity List (liste noire économique) en 2024, bloquant ainsi les transactions entre les entreprises américaines et Sandvine. Ce type de sanctions semble avoir eu un impact significatif sur les opérations de l’entreprise, incitant d’autres fabricants de technologies de surveillance à reconsidérer leurs pratiques.
John Scott-Railton, chercheur senior au Citizen Lab, a salué cette décision, soulignant que les actions du gouvernement américain ont eu un impact direct sur la prolifération des technologies de surveillance. Le directeur du Citizen Lab, Ron Deibert, a également loué l’importance de l’alliance entre recherches fondées sur des preuves, journalisme d’investigation et régulations gouvernementales ciblées.
Sandvine n’est pas la première entreprise de surveillance à être sanctionnée. En 2021, le groupe NSO, fabricant du logiciel espion Pegasus, a également été mis sur la liste noire américaine. D’autres entreprises, comme Intellexa, qui fabrique le logiciel espion Predator, ont subi des sanctions similaires.
Cette décision de Sandvine marque un tournant dans l’industrie des technologies de surveillance, où les pressions politiques et économiques semblent enfin ralentir la prolifération des outils utilisés pour restreindre les libertés civiles et surveiller la dissidence.